Pillage des contenus : comprendre les fuites pour agir à la source

Lou Grasser (Le Monde) et Florent Rimbert (Alliance) sur la scène d'Audiencers Festival 2025 Lou Grasser (Le Monde) et Florent Rimbert (Alliance) sur la scène d'Audiencers Festival 2025
Lou Grasser (Le Monde) et Florent Rimbert (Alliance) sur la scène d'Audiencers Festival 2025

Cet article restitue la session présentée par Lou Grasser (Chief Digital Officer, Le Monde) et Florent Rimbert (Responsable développement numérique, Alliance de la presse d’information générale) lors du Audiencers Festival Paris, le 16 septembre 2025. Thème : « Pillage des contenus : mesure-t-on l’étendue des dégâts ? ». Les slides de leur présentation sont disponibles au téléchargement en fin d’article.

Cette présentation résumée en 5 points

  • Le pillage des contenus médias a changé d’échelle : des sites pivots et messageries structurent une diffusion massive, continue et monétisée d’articles et PDF.
  • Le préjudice est significatif : plusieurs dizaines de millions d’euros annuels sur la seule fraude PDF, d’autant plus avec l’international.
  • La défense est techno-produit : tracer, limiter le PDF, sécuriser flux/apps, durcir inscription, cookies, bots.
  • Le paiement est un verrou : débit immédiat, refus d’emails temporaires, fin des essais gratuits, contrôle immédiat des cartes de paiement.
  • La riposte doit être collective : faire tomber les sites pivots, mobiliser hébergeurs/registrars/régies et mutualiser les preuves.

D’un phénomène autrefois marginal (peer-to-peer, usage individuel), le piratage de la presse est passé à une circulation instantanée et massive via messageries et groupes fermés. Sujet sensible, au ROI difficile à objectiver, il doit pourtant être traité méthodiquement : cartographier les vecteurs, chiffrer le préjudice, puis structurer la riposte technique, produit, juridique et collective.

Comment le vol s’organise, de bout en bout

1) La source : un fichier est récupéré soit via un compte abonné (compromis, partagé, ou créé avec une carte de paiement « jetable »), soit via un prestataire/liseuse où la sécurité est insuffisante. Des scripts automatisés collectent ensuite chaque nouvelle édition.

2) Le stockage : le PDF n’est pas hébergé sur le site pirate lui-même, mais sur des plateformes d’hébergement « neutres », derrière des URLs opaques (très longues chaînes de caractères).